Surproduction d'électricité en France : enjeux et perspectives selon le Haut-commissaire à l'énergie atomique
Économie d'énergie
April 14, 2025

Surproduction d'électricité en France : enjeux et perspectives selon le Haut-commissaire à l'énergie atomique

En mars 2025, Vincent Berger, Haut-commissaire à l'énergie atomique, a exprimé des préoccupations concernant la stratégie énergétique de la France pour 2035, soulignant un potentiel risque de surproduction d'électricité.  Cette surcapacité pourrait avoir des implications économiques significatives pour les consommateurs et les contribuables.​

Contexte de la stratégie énergétique française

La France s'est engagée dans une transition énergétique ambitieuse, visant à réduire les émissions de CO₂ et à augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique. La Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) prévoit une production d'électricité de 692 TWh à l'horizon 2035. Cependant, la demande d'électricité en 2024 était encore inférieure de 12,7% à la moyenne des années pré-COVID 2014-2019, malgré une légère hausse par rapport à 2023. ​

Les inquiétudes du Haut-commissaire à l'énergie atomique

Vincent Berger estime que la stratégie actuelle est trop ambitieuse et pourrait conduire à une surproduction d'électricité si les possibilités d'exportation ne sont pas au rendez-vous. Une telle surcapacité serait «très pénalisante pour le consommateur ou pour le contribuable». Il recommande une «revue à la baisse» de la croissance du photovoltaïque dans la PPE pour éviter cette situation.

Conséquences potentielles de la surproduction

Une surproduction d'électricité peut entraîner une baisse des prix sur le marché de gros, rendant les investissements dans de nouvelles capacités de production moins rentables. Les producteurs pourraient être contraints de vendre l'électricité à perte, ce qui pourrait nécessiter des subventions ou des compensations financées par les contribuables. De plus, une surcapacité pourrait entraîner des inefficacités dans le système énergétique, avec des centrales sous-utilisées et des coûts fixes élevés répartis sur une production moindre.​

Les défis de l'intégration des énergies renouvelables

L'intégration massive des énergies renouvelables, notamment le solaire et l'éolien, pose des défis en termes de gestion de l'intermittence et de stabilité du réseau. En 2024, la France a franchi pour la première fois le seuil de 95% d'électricité produite d'origine bas carbone, grâce à la combinaison du nucléaire et des renouvelables.  Cependant, cette transition nécessite des investissements significatifs dans les infrastructures de stockage et de gestion de l'énergie pour éviter les déséquilibres entre l'offre et la demande.​

Les perspectives d'exportation d'électricité

Pour absorber une éventuelle surproduction, la France pourrait envisager d'augmenter ses exportations d'électricité vers les pays voisins. Cependant, cette stratégie dépend de la demande et des capacités d'interconnexion avec ces pays. De plus, d'autres nations européennes investissent également dans leurs propres capacités de production renouvelable, ce qui pourrait limiter les opportunités d'exportation pour la France.​

Recommandations pour une stratégie équilibrée

Pour éviter les risques liés à la surproduction d'électricité, il est essentiel de :

  • Adapter les objectifs de production aux prévisions de demande : Réévaluer régulièrement les projections de consommation d'électricité pour ajuster les plans de développement des capacités de production.​
  • Investir dans les technologies de stockage : Développer des solutions de stockage d'énergie, telles que les batteries ou l'hydrogène, pour absorber les excédents de production et les redistribuer lors des pics de demande.​
  • Améliorer la flexibilité du réseau : Mettre en place des mécanismes de gestion de la demande et des infrastructures intelligentes pour mieux équilibrer l'offre et la demande en temps réel.​
  • Encourager la coopération européenne : Travailler avec les pays voisins pour harmoniser les stratégies énergétiques et optimiser l'utilisation des interconnexions transfrontalières.​

Conclusion

Les avertissements du Haut-commissaire à l'énergie atomique soulignent l'importance d'une planification énergétique prudente et adaptable. Si la transition vers une production d'électricité plus verte est cruciale pour lutter contre le changement climatique, elle doit être menée de manière à éviter les déséquilibres qui pourraient nuire aux consommateurs et à l'économie. Une approche équilibrée, tenant compte des réalités de la demande et des capacités d'exportation, sera essentielle pour assurer le succès de la stratégie énergétique française.

Recevez un devis aujourd'hui pour votre nouveau projet!

Devis gratuit