En mars 2025, Vincent Berger, Haut-commissaire à l'énergie atomique, a exprimé des préoccupations concernant la stratégie énergétique de la France pour 2035, soulignant un potentiel risque de surproduction d'électricité. Cette surcapacité pourrait avoir des implications économiques significatives pour les consommateurs et les contribuables.
La France s'est engagée dans une transition énergétique ambitieuse, visant à réduire les émissions de CO₂ et à augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique. La Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) prévoit une production d'électricité de 692 TWh à l'horizon 2035. Cependant, la demande d'électricité en 2024 était encore inférieure de 12,7% à la moyenne des années pré-COVID 2014-2019, malgré une légère hausse par rapport à 2023.
Vincent Berger estime que la stratégie actuelle est trop ambitieuse et pourrait conduire à une surproduction d'électricité si les possibilités d'exportation ne sont pas au rendez-vous. Une telle surcapacité serait «très pénalisante pour le consommateur ou pour le contribuable». Il recommande une «revue à la baisse» de la croissance du photovoltaïque dans la PPE pour éviter cette situation.
Une surproduction d'électricité peut entraîner une baisse des prix sur le marché de gros, rendant les investissements dans de nouvelles capacités de production moins rentables. Les producteurs pourraient être contraints de vendre l'électricité à perte, ce qui pourrait nécessiter des subventions ou des compensations financées par les contribuables. De plus, une surcapacité pourrait entraîner des inefficacités dans le système énergétique, avec des centrales sous-utilisées et des coûts fixes élevés répartis sur une production moindre.
L'intégration massive des énergies renouvelables, notamment le solaire et l'éolien, pose des défis en termes de gestion de l'intermittence et de stabilité du réseau. En 2024, la France a franchi pour la première fois le seuil de 95% d'électricité produite d'origine bas carbone, grâce à la combinaison du nucléaire et des renouvelables. Cependant, cette transition nécessite des investissements significatifs dans les infrastructures de stockage et de gestion de l'énergie pour éviter les déséquilibres entre l'offre et la demande.
Pour absorber une éventuelle surproduction, la France pourrait envisager d'augmenter ses exportations d'électricité vers les pays voisins. Cependant, cette stratégie dépend de la demande et des capacités d'interconnexion avec ces pays. De plus, d'autres nations européennes investissent également dans leurs propres capacités de production renouvelable, ce qui pourrait limiter les opportunités d'exportation pour la France.
Pour éviter les risques liés à la surproduction d'électricité, il est essentiel de :
Les avertissements du Haut-commissaire à l'énergie atomique soulignent l'importance d'une planification énergétique prudente et adaptable. Si la transition vers une production d'électricité plus verte est cruciale pour lutter contre le changement climatique, elle doit être menée de manière à éviter les déséquilibres qui pourraient nuire aux consommateurs et à l'économie. Une approche équilibrée, tenant compte des réalités de la demande et des capacités d'exportation, sera essentielle pour assurer le succès de la stratégie énergétique française.